L'artiste est un observateur

(Wenzel)

Nous nous souvenons, mon frère et moi, des joies de pilotage lorsque les têtes à queue nous permettaient de repartir dans l’autre sens grâce au courant alternatif. Mais aussi les fous rires que nous avions lorsque, malencontreusement, nous changions de piste et les voitures se faisaient la course sur le même rail. C’est sûrement ces parties de rire et de joie qui ont donné à notre père l’idée de provoquer et d’organiser cette course en «INTERPISTE». Comme à chaque fois où il nous observait, il tentait de trouver une solution pour notre plaisir et celui de milliers d’enfants de notre génération. Quel plaisir de courir sur la même piste! Mais il faut pouvoir se dépasser et repasser devant, piloter tactique, faire bouchon, changer de piste, accélérer, freiner très tard au virage et ... gagner. Tout cela devint possible en cette année de 1967 et la sortie de L’INTERPISTE, premier circuit électrique à commercialiser ce concept et s’appuyant, comme à son habitude, sur des techniques simples mais efficaces.

La Technologie

Mécanique pour le changement de piste et électrique pour le contrôle de la voiture. La partie mécanique ou physique était possible en utilisant le principe des bifurcations inventé en 1964. Le procédé est simple, même s’il nécessite un peu d’entraînement.  La voiture Circuit 24 est guidée dans la rainure par un guide en acier d’environ 10 mm. Le rail de bifurcation comme celui de changement de piste possède, à l’intérieur de la fente, un socle directionnel en fonction de la longueur du guide. A plat, le guide suit une courbe de changement de direction  tandis que, légèrement plus haut, il peut continuer tout droit. C’est à ce moment où les lois de la physique interviennent, si vous accélérez la voiture, naturellement, s’agissant d’une propulsion arrière, le nez de la voiture s’élève et le guide va tout droit. Au contraire, si vous freinez (en circuit 24, traduisez levez le pouce !) le nez de la voiture s’écrase et le guide s’enfonce et suit le changement de direction du socle.

Restait à pouvoir rouler sur la même piste avec deux contrôles d’alimentation différents. Une fois encore, la solution ou invention est simple, l’INTERPISTE va faire rouler des voitures à moteurs alimentés en courant 12 Volts continu grâce au transformateur standard qui délivre du 24 Volts alternatif. Chaque voiture (et chaque accélérateur) utilisant 12 V avec une diode pour réguler le positif sur une voiture et le négatif sur l’autre. Les diodes sont soudées sur le rail d’alimentation qui permet aussi le changement de piste. L’avantage immédiat pour la marque était de proposer un nouveau jeu dont les voitures pouvaient également rouler sur les anciens circuits. En revanche, il est déconseillé de faire l’inverse car les diodes du rail d’alimentation pourraient griller.
Pour l’histoire, comme je l’indique dans mon livre (Circuit 24, Le Vrai !) le brevet de l’INTERPISTE n’a pas été déposé, la faute, semble-t-il, à Michel Bertrand, homme de confiance de mon père pendant plusieurs années et qui était responsable des services généraux. Il a tout simplement oublié de déposer le dossier à l’INPI. C’est grâce à cela que Jouef en 1973 dès l’arrêt du Circuit 24, pourra produire son JOUEFMATIC et continuer son chemin dans le circuit routiers. Il est en effet probable que la marque Jouef se serait également éteinte sans cette commercialisation, c’est en tout cas ce que confiait plus tard le PDG de Jouef à Jean-Pierre Fannius (ancien associé de mon père). Quel clin d’œil aux «Digitaux» d’aujourd’hui!

Documents Dominique Jouët

Circuit 24, le vrai>

Les voitures Interpiste

A la vue des photos fournies par Dominique, j’ai été surpris de découvrir d’autres variantes de la GT40 et de la Matra Djet que celles que je connaissais; à savoir la Ford blanche et la Matra bleue.
Les deux voitures furent vendues au détail ou en coffret dans les couleurs suivantes :
Ford: Blanche et orange, courantes. Plus rare, la bleue et quasi introuvable, la grise.
Matra: Essentiellement bleue mais aussi en rouge. CH